Photo Jean-Claude Rousseau, 2001
L'œuvre d'Yves Juhel lui a survécu. Depuis sa mort, c'est un immense travail qui a été entrepris par Pierre, son frère, à qui j'ai ensuite proposé mon aide. Après l'accident dramatique survenu en août 2003 sur une petite route de Corse, Pierre s'est en effet retrouvé propriétaire de cette œuvre colossale, composée de plusieurs centaines de toiles, de dessins, de gouaches, entreposés pour la plupart à Bondy (93).
Convaincu de la richesse de cette œuvre et de la nécessité de la faire connaître, Pierre Juhel a d'abord activé son carnet d'adresses. Une première exposition discrète est organisée à Valence, en Espagne (2009-2010). Puis, en 2010, Pierre pousse la porte d'une grande galerie d'art animalier, en Sologne, l'Arche de Noé. Elisabeth et Patrick Viant-Bénard ont le coup de foudre. Ils acceptent de présenter quelques pièces animalières dans leur galerie de Nançay (41), avant d'accueillir une vingtaine de toiles, pour la 17e édition du Festival international d'art animalier en Sologne, en août 2010.
C'est à l'occasion de cette exposition que je reprends contact avec Pierre Juhel. Au fil des mois et d'une longue correspondance, l'idée de joindre mon énergie à la sienne afin de faire vivre ce travail laissé par Yves devient réalité. Pierre poursuit de son côté ses échanges avec l'Arche de Noé, et de nombreuses œuvres sont encore exposées au 18e, puis au 19e festival solognot, en 2011 et en 2012.
Entre-temps, m'appuyant sur quelques catalogues qu'avaient réalisés Yves et sur un riche travail iconographique qu'a commencé Pierre, je me mets en quête d'une galerie. La première porte poussée sera la bonne : celle de la Galerie de Bretagne, à Quimper (29). Henry Le Bal, qui tient les lieux, est immédiatement séduit. Et au printemps 2013, le nom d'Yves Juhel fleurit sur les affiches annonçant, pour trois mois, une exposition personnelle au domaine de Kerbernez, à Plomelin (29). Treize huiles et cinq gouaches y sont présentées.
Cette exposition connaît un grand succès : bel accueil du public et de la presse locale, contacts riches et pleins d'espoir... Dans la continuité de cet événement, certaines huiles sont accueillies sur les murs du manoir de Kerdévot, à Ergué-Gabéric (29). La Galerie Saint-Joseph, à Lesneven (29) expose de son côté durant deux semaines, en juillet 2013, quelques huiles d'Yves, aux côtés d'artistes renommés en Bretagne, tels que Bernard Canévet, François-Marie Griot et Jean Tirilly.
Depuis maintenant deux ans, un autre vaste chantier a été entrepris : l'inventaire exhaustif de l'œuvre d'Yves Juhel. Ce chantier est en cours, et plusieurs mois me seront encore nécessaires pour en venir à bout.
Certaines œuvres restent visibles, exposées à la Galerie de Bretagne ou au manoir de Kerdévot. Mais l'immense majorité dort, et n'attend qu'une chose : être vue, et vivre...
Olivier Desveaux