N° d'inv. 2. Prix : nous contacter. Photo : O. D.
Dans la carrière d'Yves Juhel, 1998 apparaît comme une année de transition.
L'artiste n'a, en l'état actuel de nos travaux, laissé que trois œuvres datées de cette année-là. Seulement trois... C'est bien peu, au regard des centaines d'autres œuvres créées les années précédentes, et surtout suivantes. Difficile d'imaginer Yves à court d'inspiration sur une aussi longue période. Soit il a détruit ce qu'il a alors peint ou dessiné; soit une partie de son œuvre nous échappe...
Sur les trois tableaux datés de 1998, un a déjà été présenté sur ce blog : il s'agit d'un petit paysage (N° 116) intitulé "L'eau rouge". Les deux autres sont des grands formats d'une toute autre série, et sont datés de la fin de cette même année. Or, fin 1998 est une période charnière dans la vie artistique d'Yves Juhel. C'est en effet à cette époque, qu'après avoir surtout travaillé en squat, il rejoint un atelier collectif à Issy-Les-Moulineaux (92), l'Artsenal Sounamou.
Il semble donc tout a fait possible que le tableau présenté ici soit l'un des tout premiers (si ce n'est le premier) qu'Yves a peint (ou achevé de peindre) dans cet atelier, qui va donner un nouvel élan à son œuvre.
Cette toile de grande dimension (193x150) apparaît également comme un pont entre deux grandes séries de l'artiste. Grappe de fruits ou bouquet de fleurs ? Il se situe à la frontière de ces deux univers. Ainsi, comme nous l'avons déjà vu, l'année 1997 a pour thématique majeure le fruit. Isolé ou accumulé, frais ou gâté, en petit format ou sur-dimensionné, il explose dans de nombreuses directions. A l'image du N° 75 (voir ci-contre, à gauche), daté de juin 1997, et qui présente beaucoup de traits communs avec le tableau dont il est question cette semaine. Et puis viendra ensuite, en 1999, la série des bouquets en pot ou en vase, comme ci-contre (à droite), le tableau portant le N° 302.
Revenons donc maintenant au tableau inventorié sous le N° 2... Ainsi, par leurs formes, les fleurs ressembleraient plutôt à des fruits, ronds, répartis sur toute la toile, selon un schéma rencontré plusieurs fois dans divers assemblages de pommes, de citrons, d'oranges... Et pourtant, un pot apparaît. Certes, en cette fin 1998, ce pot est à peine esquissé, presque transparent, à peine perceptible, si ce n'est par sa couleur plus foncée et par ses angles affirmés, reposant sur la base du tableau. Mais il est bien là, et lance Yves Juhel vers de nouveau horizons, qui vont l'habiter pendant de nombreux mois, par la suite. Pas de rupture, donc, en cette année 1998. Juste un lent glissement, d'une série à l'autre...
Ce tableau est doublement signé et daté : au recto, en bas à droite, Yves Juhel a laissé son nom ainsi que l'année 1998, en tout petit; et au dos de la toile, son nom apparaît à nouveau, accompagné de la mention "Décembre 1998".
Olivier Desveaux