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  • L'œuvre de la semaine (25)

    Yves Juhel 183-Photo PJ.JPG

                                                              N° d'inv. 183. Prix : contacter la Galerie de Bretagne. Photo Pierre Juhel

     

    C'est le quatrième tableau de la série des "bouquets éclatés" que nous présentons ici (après les numéros 12, 175 et 178). Une huile sur toile de grande dimension (180x180), comme les autres, et peinte entre le 16 mai et le 2 juin 2000. Cinq dates figurent au dos de la toile, avec la signature de l'artiste. Un artiste qui a d'ailleurs ajouté, au verso, une indication importante, quant à son cheminement : "Bouquet, 2e série".

    Cette indication, ainsi que la chronologie de son travail, ne laissent aucun doute quant à ce qu'Yves Juhel a pu considérer comme sa première série de bouquets. Les huiles inventoriées 3 et 187, présentées précédemment sur ce blog, font partie de cette première série, peinte essentiellement en 1999. Là, les fleurs étaient parfaitement disposées dans leur pot ou leur vase; elles semblaient émerger d'une sorte de brouillard, ou immortalisées dans une pénombre qui ne laissait entrevoir que des silhouettes un brin fantomatiques. Dans cette seconde série, comme nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire à plusieurs reprises, les fleurs sont éclatées. Cette œuvre marque en quelque sorte une transition entre les deux périodes : le pot est encore là (il disparaîtra, dans les toiles suivantes); mais la symétrie a totalement disparu, et les fleurs floues commencent à laisser la place à des couleurs plus éclatantes, tels de petits soleils perçant un ciel brumeux.

    Là encore, le fond a été très travaillé, donnant à l'œuvre une matière, un relief, un volume particuliers.

    Exposé en 2013 au manoir de Kerbernez, à Plomelin (29), ce tableau reste encore visible à la Galerie de Bretagne, à Quimper (29). 

    O. D.

  • L'œuvre de la semaine (24)

    Yves Juhel 373-Photo OD.JPG

                                                            N° d'inv. 373. Prix : nous contacter. Photo O. D.

     

    La série de "portraits" qu'Yves Juhel a peint dans les semaines qui ont précédé son accident est composée de dizaines de gouaches sur papier (en format 65x50). A l'image du n°190, que nous avons déjà présenté sur ce blog, ce personnage est affublé d'une sorte de toupet ou de plumes, véritable fil conducteur de cette vaste série.

    Cette gouache est signée, et datée de juin 2003. Son support papier présente la particularité d'être pelucheux, usé, comme s'il avait été frotté après avoir été imbibé d'eau. Un effet sans doute recherché par l'artiste, toujours désireux de s'exprimer bien au-delà de deux dimensions, en travaillant également dans la matière, dans le volume. 

    O. D.

  • L'œuvre de la semaine (23)

    l'œuvre de la semaine, 2001, huile, toile, animaux, chèvre

                                                      N° d'inv. 300. Prix : nous contacter. Photo Pierre Juhel

     

    Le bestiaire d'Yves Juhel compte aussi bon nombre de chèvres. Cette huile sur toile de dimensions moyennes (73x60) a été peinte à la fin de l'été 2001. Quatre dates figurent en effet au dos de l'œuvre, avec la signature : les 9, 15, 19 et 22 septembre.

    Comme souvent, le thème principal se décline sur un fond très travaillé. Cette chèvre aux couleurs improbables apparaît comme en transparence sur ce fond, le volume étant apporté par des touches de matière noire.

    O. D.

  • L'œuvre de la semaine (22)

    Yves Juhel 75-Photo OD.JPG

                                                                              N° d'inv. 75. Prix : nous contacter. Photo O. D.

     

    Comme nous l'avons déjà indiqué sur ce blog, l'année 1997 a en grande partie été consacrée aux fruits, dans l'œuvre d'Yves Juhel. A l'image de la  toile n° 65, cette huile de grand format (196x168) voit les fruits jetés  pêle-mêle. Un agencement peut-être pas si désordonné que cela, si l'on en juge par le titre qu'Yves a donné à l'œuvre : "Carré de coings". Mais sans doute ce titre s'apparente-t-il plus à un jeu de mots...

    Fruits ramassés sous le cognassier familial ? Coings tombés de l'arbre, à moitié pourris et stockés au sol en attendant de rejoindre le tas de compost ? Fruits posés sur la table avant préparation ? Une chose semble certaine : peu de chance qu'Yves ait peint ces coings avec les modèles sous les yeux. Les onze dates qui figurent au dos de la toile s'échelonnent en effet du 17 février au 10 juin 1997. On est loin de la période de maturité de ce fruit. Le détail peut paraître anecdotique. Mais il éveille une interrogation : l'artiste travaillait-il sur photo ? Sur croquis ? De mémoire ? Si je n'ai pas connaissance qu'il ait laissé des photos de ses sujets, ses croquis et autres dessins de travail sont rares. A-t-il détruit ces documents ? Dorment-ils quelque part ? Sans doute  certains, parmi celles et ceux qui ont travaillé avec lui, ont-ils la clé de ces questionnements...

    O. D.

  • Les rimes visuelles

     

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                                                                                                                   Les belles lettres d'Henry. Photo O. D.

     

     

         Les rimes visuelles

     

         Depuis la si marquante exposition des œuvres de Yves Juhel dans la demeure du club de golf de Kerbernez, en Finistère, j'ai le bonheur d'avoir accès, de temps à autre, à quelques grands formats du peintre. Des 150 par 150 ou 200 par 200. Des paysages. Des huiles sur toile, travaillées à l'ancienne, pleine pâte. Deux tout particulièrement dans les rouges et orangés de terres surchauffées de soleil, brûlées, à y voir le loin trembler comme dans un mirage, le sol et le ciel ne faisant plus qu'un, strates toutes braisées d'un même sil.

         En avoir un devant soi, c'est se retrouver face à une baie vitrée ouverte sur l'Afrique où se bartholdent, ici et là, libres, solitaires, les baobabs, ou sur un crépuscule d'Iroise quand il n'y a plus d'autres terres que les îles de lumière.

         Mais il est une autre œuvre de Juhel qui, depuis que j'ai eu la chance de découvrir cet ensemble de toiles, m'a toujours inspiré sage joie. C'est un format vertical, grande taille, ce qui donne à sa présence la densité silencieuse d'une réalité debout. Il s'agit à n'en pas douter d'un bouquet surdimensionné ou d'un arbuste dont les feuilles frémissent, grisées, grisantes de jeunesse. Nulle tige visible, ou branche, c'est selon, nulle couleur définissable, ou nuances d'un ton qui évoquât ou précisât un nom; juste ces fleurs ou feuilles, aériennes, s'élevant comme en un tourbillon de blancs, de gris, d'argents, dansant dans le léger. Et depuis le début, depuis la première fois où j'ai vu ce tableau, je n'ai pu résister au bonheur d'y lire une peinture d'ailes d'anges, des ailes flottant en un bouquet, un entr'aperçu offert comme ça, en cadeau pour miro sans accent sur le O, du ciel tel un brin de muguet quand les jours incertains n'ont rien d'un premier mai.

         L'œuvre est là, devant moi, et chaque fois que mon regard s'y arrête, j'en éprouve une calme insouciance, une paix rebelle et discrète.

                             Voilà...

         Or, et cela n'a rien à voir, j'ai depuis quelque temps l'œil rivé au passage de la Genèse ayant trait au meurtre d'Abel par son frère Caïn. Le premier crime. L'assassinat primordial. Les mots sont là, à cette même page du livre ouvert devant moi, matin après matin, semaine après semaine. C'est sous mes yeux, et je n'y entends pas.

                             Un tableau, et un livre ouvert.

         C'était hier, le 25 mars, l'Annonciation, la journée bien sûr la plus poétique de l'année, celle où je parviens enfin à trouver au temps quelque rime, et à propos de rime, pour un personnage, j'en étais venu à mettre en parallèle un guéridon de Georges Braque et une guitare jaune de Juan Gris. Oui, une association, une sorte de collage imaginaire, pour tout dire un jeu de rimes visuelles, de celles qui rendent si heureux et qui font dire quand on met le nez dehors, histoire de changer d'air, d'histoire et de personnages : "Tiens, le ciel est jeune aujourd'hui; et son bleu est moderne..."

                             Guitare, Juan Gris.

                             Juan Gris, "Le papier à musique" (huile de 1914).

                             Guitare, musique.

         Caïn, Abel et la musique. Ca m'est revenu, l'Oratorio d'Alessandro Scarlatti : Il Primero Omicidio. Retour à la maison, l'Oratorio, le morceau n° 21 : "L'Olocausto del tuo Abelle"... Sublime. En boucle... En boucle le reste de la journée et le regard allant du livre, là, ouvert, toujours ouvert à la même page, à la toile d'Yves Juhel, la présence debout du bouquet d'ailes d'anges.

                              Et j'ai vu

                                          ou plutôt, je suis parvenu à lire enfin quelque chose dans ces lignes. Parvenu à faire résonner en moi ces rimes visuelles. Alors je suis allé murmurer à l'oreille du personnage ce que j'étais parvenu à lire dans le livre ouvert. Il m'a regardé. A regardé la toile de Yves Juhel. Puis il est sorti. Il est sorti dehors.

                                                                  Et n'est toujours pas rentré. 

     

    Henry Le Bal, mars 2015

     

     

    Yves Juhel 187-Photo PJ.JPG

           N° d'inv. 187. Photo Pierre Juhel

     

    Homme de lettres, de théâtre, de lumière, d'art, Henry Le Bal a très amicalement répondu à ma demande d'écrire un texte inspiré par l'œuvre d'Yves Juhel. Depuis maintenant trois ans, Henry s'intéresse en effet de très près à ce travail, au point d'avoir porté cette fameuse exposition organisée au printemps 2013 à quelques encablures de Quimper, dans le Finistère. Depuis, il accueille toujours, dans son écrin quimpérois, la Galerie de Bretagne, quelques tableaux d'Yves. En lui faisant cette demande, j'étais toutefois loin d'imaginer la beauté des mots qu'Henry allait faire vivre sur papier, écrits comme à son habitude à la plume Sergent-Major. Pour ces mots, pour cette confiance, pour ta fidélité à l'œuvre, merci Henry...

    Olivier Desveaux