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En hommage à Bernard Canévet

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                                                                                             Photo Le Télégramme

 

L'artiste quimpérois Bernard Canévet est mort dimanche 31 janvier à l’âge de 63 ans. Il n'avait rencontré Yves Juhel qu'à travers sa peinture, en 2013, à l'occasion de l'exposition que nous avions organisée au domaine de Kerbernez, à Plomelin (29). Une rencontre qui avait interpellé le peintre quimpérois au point que, quelques mois plus tard, il avait insisté pour que certaines œuvres d'Yves soient exposées aux côtés des siennes et de celles de deux autres artistes à Lesneven (29). Pour lui rendre hommage, voici un article que j'ai écrit, ce jour, pour le quotidien Le Télégramme

 

 

Bernard Canévet, un peintre de chair et de vie

 

Se poser devant son Icare, qu’il avait décliné en une extraordinaire série de tableaux, c’était comme prendre une grande gifle. De celles qui vous sonnent et vous marquent pour longtemps. Le peintre quimpérois Bernard Canévet est mort, vaincu par la maladie, dimanche. Il avait 63 ans.

L’été dernier, pour son ultime grande exposition, à Audierne, Bernard Canévet avait utilisé ces mots pour décrire son travail : « Je peins des corps en manque de sens, qui se débattent dans un écheveau de liens inextricables ».


Des corps et des portraits complexes, puissants, violents mêmes, des chairs torturées aussi, œuvres sur lesquelles l’artiste portait un regard souvent critique. « Bernard était toujours en mutation, raconte le galeriste de Pont-Aven Jacques Michel. Il ne se prenait pas au sérieux, mais il avait encore plein de choses en tête, tellement de choses à peindre ».

« Bernard Canévet avait baigné dans la peinture depuis son plus jeune âge. Sa mère tenait un des hôtels de Pont-Aven, se souvient un de ses amis, le galeriste et homme de lettres quimpérois Henry Le Bal. Après un passage par le monde de la banque, il avait tout plaqué, à 30 ans. Et il s’était lancé dans la caricature ».


« Des caricatures débinoclées à souhait », comme les a dépeintes Henry Le Bal, jeudi, dans un texte lu lors de la cérémonie d’obsèques de l’artiste. Un talent qu’il avait un temps mis au service de la presse, avant d’exposer ses aquarelles à la Galerie B, à Pont-Aven. « Il venait aussi souvent me voir dans ma galerie, poursuit Jacques Michel. Il voulait que je l’expose. Ce qu’il faisait ne correspondait pas trop à ce que je  proposais. Et il m’a apporté une série de personnages incroyables, des gobeurs d’œufs ». Une collaboration et une amitié entre les deux hommes qui perdureront jusqu’au bout.


Depuis longtemps déjà, Bernard Canévet s’était installé à Quimper, où il
s’exprimait en grand format. Ses dernières séries étaient particulièrement percutantes. « Il y a eu celle sur Icare, ou celle sur la guerre de 14-18. Mais il ne peignait toutefois comme ça que depuis cinq ans, souligne Jacques Michel. Et à l’arrivée, il y a très peu d’œuvres de cet artiste ».

Il est vrai qu’il prenait le temps, pour réaliser ses tableaux. « Son travail sur le fond pouvait durer des semaines entières », note Henry Le Bal, qui se souvient d’une anecdote exprimant bien la fascination de certains pour son œuvre. « Il était reconnu par de grands collectionneurs d’Art Brut. Il y a quelques années, lors d’une exposition à Lesneven, l’un d’entre eux était venu directement de Suisse. Il était aveugle. Il s’était posté devant une de ses œuvres, et avait dit : " Je veux celle-là "».


« Peindre est mon langage », disait Bernard Canévet. Un langage qui s’adressait à tous les sens. Et s’il a rejoint son Icare, sa peinture reste là, bien vivante.

Olivier Desveaux 

 

Pour poursuivre l’aventure : www.bernardcanevet.com

 

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Article paru dans Le Télégramme du 17 juillet 2013, pour l'exposition organisée à Lesneven (29)

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